Vivre en roulotte (hippomobile bien entendu!) implique une gestion du quotidien lié à l’itinérance et celle des chevaux.
Nous vous proposons de découvrir notre façon (évolutive) de gérer la programmation de l’itinéraire, les déplacements et l’entretien des chevaux.
Le convoi et la programmation du parcours
Une roulotte est, par définition, une habitation mobile, sur roues et vouée à circuler sur la voie publique. D’un format sobre et léger, elle permet d’être tractée par des animaux (des chevaux dans notre cas).
Pour plus d’information législatives, cf notre autre article « la vie en roulotte : circuler sur la voie publique ».
Notre convoi est composé de :
- la roulotte Hippocam’buse (1T350 chargée)
- la calèche (450kg chargée) et
- une carriole adaptable à un vélo
Les chevaux sont donc attelés en paire à l’avant de tout cet équipement. Sur la route, nous faisons 14m de long, 2M85 au plus haut et 1T850 (pour 2T de chevaux) et 2m de large pour passer partout.
Ceci veut dire que les manœuvres et parcours doivent être étudiés. D’une part, nous devons passer partout (virage en ville, hauteur dans un boviduc et, d’autre part, nous prenons en compte la tractabilité en pente comme en côte pour les chevaux.
Une pente de 5% est 3.5 fois plus difficile à tracter, sur 10% c’est 7.8 fois plus dure!
Afin de programmer un minimum notre itinéraire, nous contactons souvent les mairies, fermes et autres structures susceptibles de nous accueillir. (Groupements Agriculture Biologique, éleveurs de bovins ou de chevaux etc).
Ensuite, nous vérifions l’itinéraire en fonction de la topométrie, de la distance, comme des possibilités de dépassement ou de la fréquentation de la voie.
Pour ce repérage, nous utilisons quelques outils, le bon sens et la vérification in situ, le cas échéant.
Outils de repérage
Openrunner.com pour générer les courbes de niveau et le tracé en altimétrie
géoportail pour repérer les lieux d’accueil et les points d’eau mais aussi
instantstreetview pour l’accès sur place.
Le champs est généralement proche d’une source d’eau (cimetière, église, salle des fêtes, lotissement, zone d’activité, rivière, étang ou lavoir etc).
Quelques lieux souvent accessibles avec du terrain en friche : lotissement en devenir, zone artisanale ou industrielle voire commerciale, autour du cimetière, du stade, de l’école, de la salle des fêtes etc. Les lieux de picnic (étangs, lisières de forêts domaniales, tourisme départemental) ou de repos comprennent souvent une aire enherbée, voire un point d’eau.
Pensez aussi aux délaissés de voirie départementales, aires de stockage de matériaux, étangs de pêche.
Nous avons notre propre clôture électrique et nos piquets ce qui permet de s’installer dans un lieu ouvert, voire avec d’autres activités autour.
Le parcours généré, nous vérifions les pentes et la distance finale. Au delà de 10% de pente (positive), nous doublons la mesure sur carte topographique, voire nous faisons un repérage à vélo.
Quand cela est possible, nous préférons contourner cette pente.
Les chevaux étant pieds nus, nous répartissons la difficulté par jour (80-120m de dénivelé positive cumulée par jour maximum et moins de 15km au total). Nous préférons aussi limiter le temps de parcours à 2h30-3h maximum.
Quand il nous arrive d’emprunter un chemin forestier, la hauteur de frondaison est à prendre en compte tout comme le revêtement de la voie (chevaux pieds nus). La plupart du temps, le repérage par carte suffit largement.
Par défaut, en France, toutes les routes sont ouvertes à la circulation hippomobile; sauf, bien évidemment, les autoroutes, la grande majorité des voies vertes et autres pistes cyclables. Il existerait, dans certaines régions, des routes à roulottes! (Bretagne, Centre?) nous n’en avons pas encore croisé.
La sécurité du convoi étant primordiale, nous préférons souvent partir en heures creuses de circulation, emprunter des voies sur lesquelles il n’est pas trop difficile de nous doubler, nous évitons les axes qui desserves les carrières et autres laiteries ou coopératives agricoles en période de moissons. Ceci étant dit, même si la route est à tout le monde, inutile de créer des situation de conflit si on peut les éviter. (cf article sur la sécurité en circulation publique)
En tout état de cause, prenez votre place sur la route, surtout si les conditions pour doubler ne sont pas sécurisantes.
Nos chevaux étant pieds nus, nous limitons la distance (et donc le temps) de déplacement à, plus ou moins, 10km soit 2h30 de route.Il est tout à fait possible de faire beaucoup plus par temps clément (pas trop chaud par exemple) et en s’équipant différemment (chevaux ferrés ou hipposandales). On gardera cependant en tête la règle des 5 heures : dès la sortie du pré, on lance le décompte; 5 heures plus tard, le cheval doit être de retour au pré. Sinon, des ulcères se forment et commence à avoir un impact sur le système digestif voire sur le moral et le comportement. Si on veut faire le trajet en deux fois, il faut prévoir une pause avec foin et eau de plus de 1 heure.
La durée de 2h30 est, pour nous, un bon compromis. Cela permet notamment de retrouver facilement une étape à partir de la précédente, le bouche à oreille fonctionnant mieux à courte distance; , allez faire vos courses à l’épicerie ou chercher du pain à la boulangerie; tout le monde sera vite au courant!
Le pliage du campement prend, en moyenne, 1 heure. Le temps de tout refixer, ranger etc. Il nous est arrivé de le faire en 15 minutes (un peu poussé à vrai dire).
Les déplacements
Une fois sur la route, un de nous deux mène, l’autre est à pied sur la route pour faire ralentir, gérer les carrefours ou intervenir sur les chevaux si besoin. Le gilet jaune est de mise, tout autant que le gyrophare à l’arrière.Sur petites voiries communales, un des chiens -équipé d’un gilet jaune-, ouvre la voie à une 100ène de mètres. Nous préférons ne pas les attacher et les éduquer (pas facile mais ça se fait!) pour qu’ils ne subissent pas une faute de menage ou un accident d’attelage. Les talkie-walkies nous permettent de communiquer sans nous égosiller (les chevaux non ferrés font moins de bruit mais tout de même). A chaque carrefour, le groom prévient le meneur des conditions de visibilité, se met en tête des chevaux si l’arrêt doit se prolonger (feux rouge, circulation dense à traverser etc).
Nous prévoyons toujours des fruits secs, biscuits et autres collations ainsi que de l’eau.
Le menage ça déménage!
et ça fatigue aussi. Parfois, le groom glane d’autres fruits sur la route (pommes, noix, mûres) voire du bois pour le chauffage du soir. Il en profite pour ramasser les déchets sur le bord des routes.
Les chevaux
A l’arrivée, les chevaux sont dételés (détachés de leur attelage), dégarnis (libéré de leur bride, collier et harnais), pansés (nous vérifions les pieds au départ comme à l’arrivée). En cas de fraîcheur de fin de journée ou en hiver, nous utilisons une couverture séchante pour passer du temps d’effort physique à celui de la pause.Nous mettons en place un pré variant de 800m2 (gros chevaux!) à 1hectare et demi suivant la saison et le temps de pause (les chevaux sont à l’attache) puis allons chercher de l’eau. Une pierre à sel est à disposition et parfois un seau à minéraux.
Il est toujours intéressant d’inclure un arbre (solide!) pour que les chevaux se grattent; ils adorent ça! Sinon, une grosse branche morte fera l’affaire.
Nous apprenons à reconnaître une prairie riche d’une pauvre et nous repérons la plupart des plantes toxiques ou à ne donner qu’en très petite quantité. Les haies et autres feuilles d’arbres peuvent être de bon compléments. Les chevaux habitués au nomadisme conservent un très bons sens d’herboriste, ils savent! Il faut cependant être plus vigilant sur la qualité du foin, les herbes n’étant plus détectables.
Une heure après l’effort, au moins, nous leur donnons une petite ration d’avoine ou de CMV ou d’orge aplatie ou germée (une récompense et un petit plus pour le lendemain).
Tous les ans, quelques soins sont à prévoir.
Visite véto (rappel vaccination grippe-thétanos) : c’est un choix pour pouvoir cotoyer d’autres chevaux, notamment en centre équestre.
Visite dentiste voire tous les 6 mois/1an
Soin Osthéopathe
Visite du maréchal ferrant ou podologue équin avant de repartir après une longue pause (plusieurs semaines) et toutes les 6 à 8 semaines si les chevaux sont ferrés.
Mensuellement
déparasitage ou entretien : huiles essentielles ou équivalent
Hebdomadaire
entretien physique deux fois par semaine si pas de déplacement (dans l’idéal mais je sais que c’est pas évident suivant le lieu ou la motivation!). Une séance de longe de 15 minutes est tout aussi profitable.
Au quotidien
contrôle des pieds visuel et tactile (engorgement des membres, chaleur, irritations)
contrôle corporel visuel et palpation (point chaud, oedeme, griffure, oeils, oreilles, fourreau, anus etc)
Bonjour,
Article très intéressant et pédagogique, qui atteste d’une bonne expérience pratique. Merci de la partager.
Iris Roulotte